Sortie le 07 mars 2025 (Sirventés/L'Autre distribution)
Notre musique, on la voudrait comme un pinceau pour colorer de « rouge-son » ce qui est invisibilisé : Les Histoires oubliées, les cultures méprisées, les individus niés mais aussi les initiatives d’alternatives à la morose fatalité de l’ordre du monde, les résistances joyeuses et les regards décalés… Elles sont rouges, rojas, les énergies des gens qui luttent, pour défendre des zones sociales ou écologiques, celles qui rassemblent et œuvrent pour le bien commun, à qui nous rendons hommage. Elles sont rouges, rojas, les langues dominées, comme la nôtre, qui pourtant flamboient et ouvrent les consciences. Rojas de la joie de chanter ensemble sont nos voix.
Sortie le 09 décembre 2022 (Sirventés/L'Autre distribution)
Avec autant de passion que de détermination, La Mal Coiffée s’attache à faire résonner – et rayonner – la langue et la culture occitanes depuis maintenant (tout) près de vingt ans. Amorcée en 2003, cette épopée échevelée s’est développée via diverses incarnations au fil des années et des aléas de l’existence.
Actuellement, la formation se compose de Karine Berny, Myriam Boisserie, Marie Coumes et Laëtitia Dutech – toutes quatre vivant entre Toulouse, Narbonne et le Minervois. Ensemble, à la fois différentes et parfaitement complémentaires, elles se fondent en une créature transcendante à travers laquelle se diffusent leurs intenses chants polyphoniques.
Plongeant ses racines dans un lointain passé pour mieux se déployer dans le présent, La Mal Coiffée porte un répertoire pluriel, transversal, très vivant. Le riche patrimoine languedocien, revisité, y cohabite avec des chansons originales, dont les paroles et les musiques sont signées principalement par l’auteur-compositeur-interprète Laurent Cavalié. Directeur artistique du projet, celui-ci y participe depuis le tout début.
Succédant à Roge (2021), le nouvel album du groupe s’intitule Roge Caparrut – ce qui peut se traduire en français par Rouge têtu. Il constitue le deuxième volet d’une trilogie annoncée autour du rouge, couleur qui revêt ici une dimension symbolique éminemment politique. Ce cycle créatif se fonde en effet sur la volonté de raconter un territoire particulier, l’Occitanie, et – dans le (et la) même geste – d’exprimer un virulent désir de résistance face à toutes les formes de colonisation ou d’oppression.
« Nous nous inscrivons dans l’élan mondial actuel de remise en question de tous les pouvoirs pour refaire entendre la parole véhiculée par la langue et la culture occitanes, lesquelles sont minorisées comme beaucoup d’autres langues et cultures de la planète », explique Myriam Boisserie. Oscillant entre nous et le monde, nous faisons dialoguer des histoires singulières avec l’Histoire collective ».
Roge Caparrut a été entièrement écrit, composé et arrangé par Laurent Cavalié, les paroles (tranchantes) de l’une des chansons – Fargaires de lamas/Forgeurs de lames – étant tirées d’un poème d’Auguste Fourès. Auteur très engagé, antimilitariste et anticlérical, ce dernier a joué un rôle important au sein du Félibrige, mouvement (créé au 19ème siècle) de défense de la culture des pays de langue d’oc.
Une autre chanson – Delicios/Délicieux – invoque un deuxième homme emblématique de la révolte dans le Languedoc, en la personne de Bernard Délicieux, moine franciscain qui a osé s’opposer aux inquisiteurs et l’a payé de sa vie.
Aucune héroïne réelle n’apparaît dans l’album. « Nous mesurons combien les femmes ont été invisibilisées dans notre histoire », déplore Myriam Boisserie à ce sujet. Néanmoins, La Femna lenta/La Femme lente donne forme à une très belle figure féminine fictive, accompagnée de son amant, aussi lent qu’elle, tous deux savourant simplement le bonheur de vivre, en rupture tranquille avec l’agitation effrénée du monde.
D’une remarquable expressivité poétique, à forte résonance politique, l’album délivre au total dix chansons fières et ferventes, douces et intransigeantes – rouges de joie, d’indignation, de plaisir, de colère, d’exaltation, d’amour…
Sur certaines chansons, les voix jaillissent sans le moindre ornement musical, au cœur profond du silence. Sur les autres (majoritaires), gagnant alors encore en amplitude, elles se mêlent à d’ardentes pulsations et vibrations instrumentales, que le quatuor génère avec des percussions variées et des monocordes. Ceux-ci sont fabriqués sur mesure par Marc Oriol, un ami bricoleur mélomane, afin d’obtenir le rendu sonore le plus adapté.
Portée par quatre femmes puissantes à l’unisson, dont la justesse d’interprétation – tant vocale qu’instrumentale – semble à son plus haut point, La Mal Coiffée flamboie ici de tout son éclat et incarne l’insoumission avec une irrésistible force de conviction.
Jérôme Provençal
Sortie Le 28 mai 2021 (Sirventés/l'autre distribution)
Ce 6e disque du quatuor polyphonique languedocien marque une volonté d’ancrage dans les écritures poétiques des mouvements d’émancipation culturelle qui résonnent entre l’Occitanie et colonies de l’empire français. Au coté des textes et de la musique de Laurent Cavalié, les musiciennes subliment les textes d’auteurs engagés dans une pensée de la résistance à l’écrasement des cultures populaires
Depuis les débuts du groupe, nous nous envisageons comme un morceau de monde, un fragment de culture, un vecteur de langue, ni plus ni moins que des artistes qui essayent de fabriquer des bouts d’identités auxquelles on pourrait se raccrocher, alors que les cultures humaines se nivellent par le pouvoir médiatique et que les sociétés se détissent en solitudes numériques. Ces bouts d’identités, nous les fabriquons pour nous, nous à qui on a peu transmis la langue, nous qui avons grandi dans un monde écrasé par le roman national français et la culture anglo-saxonne ; deux cultures de pouvoir : l’une du nationalisme, l’autre du capitalisme galopant. Nous raconter, c’est être indocile : les tenir à distance de nos créations ou bien en faire une richesse, jamais un conformisme. Ainsi, on espère rencontrer tous ceux qui ont soif d’histoires particulières, qu’ils soient d’ici ou de là. Sur la planète, les grandes zones de perte de la diversité linguistique se confondent précisément avec les grandes zones de perte de la diversité biologique : ce sont les grandes zones de développement industriel et agro-industriel. Inspirés par tous ces paysans qui ont compris qu’il fallait se tenir loin de l’industrie et de la grande distribution s’ils voulaient nourrir correctement le monde, nous tentons de nous tenir loin des modèles culturels dominants. Nourris des chansons de nos anciens, portés par ce désir de « nous » raconter, on chante nos héros, on fait sonner notre langue, on invente notre polyphonie, on va chercher dans les cultures des peuples liberés des dominations coloniales de quoi nourrir nos histoires. Notre langue ? C’est celle des bêtes et des humbles. Elle est à la fois langue de reconquête poétique d’une pensée autochtone, jouissance et instrument de musique. Nos héros ? Ce sont les femmes de Toulouse qui catapultèrent la pierre qui abattit Simon de Monfort le bourreau du Languedoc. Ce sont nos poètes, c’est Bernard Délicieux l’homme qui s’éleva par la seule force de sa parole face à l’inquisition victorieuse et génocidaire. Ils sont notre mythologie. Nos inspirations ? Ce sont tous ces gens qui ont affirmé leur farouche volonté de se départir de l’empire cimetière que leur proposait la France. Ce sont aussi les poètes de la Négritude, les clandestinités cathares et leur historienne Anne Brenon, les combattants Kanaks de 1917 et leurs poèmes épiques, ceux des luttes viticoles Languedociennes des années 70 et Claude Marti leur griot, Louis Aragon contre l’exposition coloniale, le silence de ceux qui ont « fait l’Algérie », et les récits jamais enseignés des nègres Marrons, des Camisards des Cévennes, de la bande du dé-tham au Tonkin, des Communards narbonnais et de toutes les résistances populaires par le monde.
Avec « … E los leons », les voix et les percussions de La Mal Coiffée sculptent une musique qui porte un récit : l’épopée d’une jeune fille dont les lointains ancêtres sont des lions. Alors que les traditions de son clan la poussent vers la place réservée aux femmes de sa lignée, elle ne peut pourtant ignorer les pulsions sauvages de ses ancêtres qui battent en elle.
Un spectacle écrit et mis en musique par Laurent Cavalié.
Album disponible ici (Sirventés/L'Autre distribution).
Avec le soutien du FCM, SPPF, ADAMI, Sacem, Région Occitanie/Pyrénées Méditerranée, Région Auvergne, Département de l’Aude, Réseau en scène, Compagnie Lo
Bramàs, Le Chantier à Correns, La Nouvelle Digue à Toulouse, COMDT Toulouse.
Polyphonies occitanes
2007
Modal/
l’Autre Distribution
L'embelinaire
2014
Sirventés/
l’Autre Distribution
A l’agacha 2009
Sirventés/
l’Autre Distribution
Òu ! los òmes ! 2011
Sirventés/
l’Autre Distribution